La prévision des crues

En Wallonie et suivant le Code de l’Eau, l’annonce, le suivi et la prévision des crues et des inondations pour l’ensemble du territoire est à charge du gestionnaire des voies hydrauliques du Service public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (SPW MI) et plus précisément à la Direction de la Gestion hydrologique (DGH).

Cette direction dispose d’une permanence opérationnelle qui repose sur trois volets :

  • la surveillance continue des prévisions et observations météorologiques et hydrologiques ;
  • l'interprétation des mesures hydrologiques récoltées et des résultats des modèles de prévision pour déterminer en permanence l'état des principaux cours d’eau face au risque de crue ;
  • l'alerte et la diffusion rapide des informations vers les autorités en charge de la gestion de crises, vers des partenaires spécifiques et vers le grand public.

La surveillance continue des données météorologiques et hydrologiques

Grâce à un accord de coopération, la DGH dispose d’un accès privilégié aux prévisions et observations météorologiques de l’Institut Royal Météorologique (IRM) qu’il s’agisse de précipitations, de cellules orageuses ou de neige (accumulation et fonte).

Pour les observations des niveaux et débits des cours d’eau, la DGH s’appuie sur deux réseaux d’observations Wacondah et Aqualim.

A l’instar des observations de précipitations, toutes ces données sont collectées en temps réel au pas de temps de 5 minutes, 10 minutes ou horaire en fonction des stations.. 

Des données hydrologiques sont également échangées avec les services équivalents des régions et pays limitrophes. 

Enfin, une base de données spécifique collecte les observations, au pas de temps de la minute, relatives aux ouvrages hydrauliques de régulation des eaux : barrages-réservoirs, écluses, vannes au fil de l’eau, stations de pompage, centrales hydro-électriques, etc.

Toutes ces données collectées permettent de disposer d’un état des lieux complet de la situation hydrologique et des infrastructures de régulation des eaux.

La prévision des d’inondations et l’alerte des crues

Pour anticiper, déterminer les risques et déclencher les phases d’alertes, l’opérateur de permanence dispose d’une série de modèles hydrologiques permettant de prévoir l’évolution des débits sur les principaux bassins wallons. 

Plus de 35 modèles sont déployés en Wallonie et sont tous basés sur de la modélisation stochastique. En résumé, ces modèles comparent en temps réel les mesures hydrologiques et les prévisions météorologiques avec des crues antérieures afin de reproduire des réponses équivalentes moyennant une gamme de paramètres (saisonnalité, présence de neige, etc…). Ils visent la détermination des débits en différents points stratégiques du réseau. 

Tous les résultats des modèles hydrologiques sont visualisés dans une interface spécifique baptisée Augure qui facilite les déclenchements des phases d’alerte aux inondations en Wallonie grâce à une vue spatiale et temporelle des prévisions sur l’ensemble du territoire.  Une priorisation s’opère selon la taille des bassins, sachant que certains sont très réactifs (délai de quelques heures entre les précipitations et les débordements).

Les seuils sont les suivants et s’appliquent soit à l’échelle du cours d’eau, soit à l’échelle de sous-bassins versants :

  • Niveau vert : la situation est normale sur tous les bassins. Il n'y a aucun risque de crue à court terme. Les débits et niveaux d'eau sont normaux pour la saison. La rivière est dans son lit mineur et ne menace pas de déborder.
  • Niveau vert mais avec avertissement : les conditions climatiques observées et prévues nécessitent une vigilance accrue (risque d’orages, de tempête, de fonte rapide de neige…) avec un renforcement de la surveillance météorologique et hydrologique et un avertissement vers le Centre régional de Crise wallon.  Les messages d’avertissement sont le plus souvent globaux à l’échelle de la Wallonie, voire d’une ou de plusieurs provinces, au vu de l’incertitude liées à la localisation et l’intensité des pluies. 
  • Niveau jaune (pré-alerte de crue) : suivant les prévisions et les observations, un (ou plusieurs) cours d’eau d’un bassin est (sont) en condition de déborder et de provoquer des inondations localisées et sans gravité.
  • Niveau rouge (alerte de crue) : suivant les prévisions et les observations, un (ou plusieurs) cours d’eau d’un bassin est (sont) en condition de déborder et de provoquer des inondations importantes avec un impact sur les infrastructures et les riverains.

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La représentation par bassin des phases de pré-alerte et d’alerte peut laisser sous-entendre que l’information est disponible sur tous les cours d’eau du bassin et que le risque d'inondation y est homogène. Ce n’est pas le cas, pour plusieurs raisons tech-niques et hydrologiques :

 

  • Les niveaux de pré-alerte et d’alerte ne portent que sur les lits majeurs des tron-çons de cours d’eau surveillés (équipés d’une station de mesure). Elle ne prend pas en compte les têtes de bassin, les petits affluents et les phénomènes de ruissellement localisé associés. 
  • Pour une même couleur annoncée sur un bassin, les conséquences physiques sur le terrain peuvent être très variables en fonction du cours d’eau ou du tron-çon de cours d’eau. 
  • Les possibilités d’anticipation sont très variables selon le type de cours d’eau. La plupart des cours d’eau en Wallonie présente une grande réactivité : bassin de taille réduite, fortes pentes en Ardenne, forte urbanisation du bassin versant,…
  • Pour un même cours d’eau, les possibilités d’anticipation sont très variables en fonction du type de précipitations génératrices. Ainsi les pluies « stratiformes » sont relativement continues, homogènes et leur prévisibilité est assez bonne en quantité, localisation et temporalité. Par contre les pluies convectives (orages, averses intenses) sont plus hétérogènes et leur prévisibilité en localisation, en quantité, en étendue et en temporalité est très incertaine. Pour les crues rapides, les possibilités d’anticipation ne sont souvent que de quelques heures. Les inon-dations débutent souvent sur des zones non surveillées (têtes de bassins ou pe-tits affluents) ou par des phénomènes de ruissellement généralisé qui entrainent des débordements de ruisseaux et de réseaux d’égouttage avant le dépasse-ment des seuils de pré-alerte ou d‘alerte du cours d’eau « principal » surveillé.

La communication

Les passages en phase Les franchissements de seuils de pré-alerte et d’alerte sont communiqués : 

  • en priorité au Centre régional de Crise wallon qui met alors en œuvre un dispositif d’information à l’attention des communes (bourgmestres, fonctionnaires Planu  ,…), des zones de secours, des Gouverneurs et du Centre de Crise National (NCCN). Les messages fournissent une information à l’échelle d’un sous-bassin hydrographique. Les informations disponibles sont transmises par sms, e-mail ou par téléphone ;
  • aux services gestionnaires du ou des cours d’eau considéré(s) pour des actions spécifiques, notamment en termes d’infrastructures hydrauliques ou de gestion de la navigation. 

Au-delà du déclenchement de ces phases, des situations des eaux sont émises régulièrement. Elles ont pour objet de faire un point de situation sur l’évolution des crues en cours (par sous-bassin) en expliquant la tendance des cours d’eau pour les prochaines heures (à la hausse, à la baisse ou à la stabilisation) en fonction des prévisions météorologiques et hydrologiques.


Outre le Centre de Crise et les gestionnaires, les prévisions et déclenchements d’alerte sont également transmises aux services hydrologiques des régions et pays limitrophes, à des gestionnaires exploitant les ressources en eau et au grand public, via le site internet dédicacé Infocrue.
 

 

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