Le projet de réseau Seine-Escaut
Au début des années 2000, la prise de conscience de l’impact négatif des transports terrestres et aériens sur l’environnement, notamment en termes d’empreinte carbone, de pollution sonore, de congestion et d’insécurité, a conduit les territoires européens à inclure à nouveau les voies navigables dans leur stratégie de coopération. Régénérer, agrandir et moderniser les voies navigables existantes est devenu une priorité pour l’Europe. L’enjeu majeur ? Accélérer le report modal vers la voie d’eau. C’est ainsi que le projet Seine-Escaut est né !
Fin juin 2022, la Commission européenne a annoncé l’attribution d’une nouvelle dotation de 276 millions d’euros pour ce projet. Une convention de financement a ainsi été élaborée entre les partenaires du groupement européen d’intérêt économique (GEIE) et l’Agence exécutive européenne pour le climat, les infrastructures et l’environnement (CINEA). Une fois les modalités de financement établies, l’accord put être signé en octobre 2022.
De son côté, la Région wallonne a bénéficié d’une enveloppe de cofinancement de 70,9 millions d’euros pour poursuivre les investissements du programme. Cette aide européenne a notamment permis de financer les études pour améliorer les capacités de franchissement du Haut Escaut, le lancement de la mise au gabarit de la dorsale wallonne, des aménagements de la Sambre et la réhabilitation du plan incliné de Ronquières ; ainsi que la poursuite des travaux de mise au gabarit de la Lys.
Cet investissement d’avenir pour les territoires européens a pour objectif de construire la mobilité du futur en créant une nouvelle offre de transport multimodale, performante et durable d’ici 2030.
Le réseau Seine-Escaut, c’est 1.100 kilomètres de voies navigables à grand gabarit reliant 6 régions européennes (la Flandre, la Wallonie, les Hauts-de-France, l’Île-de- France, le Grand Est et la Normandie). En connectant ces régions à 5 ports maritimes, le projet Seine-Escaut offrira des solutions logistiques innovantes aux industriels sur les 60 ports intérieurs du réseau fluvial.
Pour unifier ce réseau à grand gabarit, il faudra moderniser les infrastructures de certaines voies navigables existantes et créer le canal Seine-Nord Europe, une nouvelle liaison fluviale de 107 kilomètres, sur un territoire de 40 millions d’habitants en France et en Belgique.
Cela mènera à la mise en œuvre de plusieurs chantiers dont voici ci-après quelques exemples ayant marqué l’année 2022.
Rôle de la Cellule Internationale et Projets européens (CIPE)
En tant que membre du Comité CEF (Connecting Europe Facility), elle a participé activement à la récolte des informations clés nécessaires au montage des dossiers de candidature des projets et à la négociation du Grant Agreement.
Elle sert de point de contact et d’interlocuteur avec la Commission européenne (DG Move) et son Agence Eexécutive CINEA. Elle a de plus participé activement à l’élaboration et à la relecture du Grant Agreement. Outre les aspects mentionnés, la CIPE met à profit son expertise et ses contacts pour accompagner, sur la plateforme européenne e-grant, les différents acteurs wallons concernés. Elle s’assure, en collaboration avec le chef de programme, que toutes les obligations européennes soient respectées avant et après la signature du Grant Agreement.
CHIFFRES 2022
À l’horizon 2030, le réseau transfrontalier Seine-Escaut représentera, dans sa globalité :- Plus de 10 milliards d’euros d’investissements (dont 690 millions d’euros d’investissements wallons et 391 millions d’euros de cofinancements européens pour les projets du SPW).
- 150 millions de tonnes de marchandises transportées
- 5 fois moins d’émissions de CO2 par tonne transportée
- 1.600 hectares d’aménagements environnementaux
- 175.000 emplois créés pendant et après les travaux
Le projet Seine-Escaut prend vie en Wallonie
Directions impliquées : Direction des Études d’ouvrages hydrauliques // Directions des Voies hydrauliques de Tournai, Namur, Charleroi et Mons
La mise en œuvre du projet Seine-Escaut mobilise plusieurs Départements et Directions au sein du SPW Mobilité et Infrastructures. Parmi ceux-ci, citons notamment la Direction des Études d’ouvrages hydrauliques (DEOH), mais également les différentes
Directions des Voies hydrauliques.
À l’heure actuelle, plusieurs projets d’élargissement en sont encore au stade de l’étude, et donc suivis de près par la DEOH. C’est le cas notamment du :
- PROJET DE CONSTRUCTION DE QUATRE NOUVELLES ÉCLUSES SUR LE CANAL DU CENTRE ET LE CANAL CHARLEROI-BRUXELLES
Les écluses d’Obourg, de Viesville, de Gosselies, et de Marchienne-au-Pont correspondent aux 4 écluses restantes nécessitant une mise à gabarit 2.000T sur les canaux de Charleroi-Bruxelles et du Centre dans la région du Hainaut. Plusieurs ouvrages connexes seront également réalisés ; ouvrages d’art de franchissement, murs de berge, avant-ports, bâtiments techniques, bâtiments de commande pour les écluses...
- PROJET D’ÉLARGISSEMENT DE CERTAINES PARTIES DU CANAL NIMY-BLATON
Initialement conçu pour des convois de 600 T, le canal Nimy-Blaton sera élargi pour pouvoir accueillir des gabarits de 2.000 T. Au total, 2.400 m de berges doivent faire l’objet de travaux.
Les études en cours devraient aboutir en 2023 et laisser place aux chantiers de 2024 à 2027.
En parallèle, plusieurs marchés de travaux décrit ci-dessous seront lancés pour un montant proche des 350 millions d’euros, co-financés par l’Union européenne.
D’autres, en revanche, sont en cours ou se sont terminés en 2022, c’est le cas des chantiers d’élargissement de la Lys à Comines-Warneton et de réhabilitation du canal Pommeroeul-Condé.
- FIN DU CHANTIER D'ÉLARGISSEMENT DE LA LYS À COMINES-WARNETON
Après plus de deux ans de travaux, l'élargissement de la Lys à Comines-Warneton est terminé.
Ce chantier a été mené en collaboration avec les "Voies navigables de France" et le "Vlaamse Waterweg". Il s’inscrit dans le vaste projet européen Seine-Escaut qui vise à créer un nouvel axe de navigation reliant Le Havre, Paris, Anvers et Rotterdam.
Depuis le mois de juin 2022, la Lys peut désormais accueillir des péniches de 4.400 T longues de 180 mètres grâce à un élargissement et à un approfondissement de la voie navigable sur un tronçon de 1.800 mètres entre l’écluse de Comines et la limite avec la Communauté flamande, à Wervik.
De nombreux aménagements, tels qu’une nouvelle route, un chemin cyclopédestre et un parc urbain ont également été créés aux abords de la Lys et viennent renforcer l’attractivité de la commune pour le plus grand plaisir des riverains.
Ce projet constitue un pas de plus vers la multimodalité et un bel exemple de collaboration transfrontalière !
- DE NOUVELLES INFRASTRUCTURES PORTUAIRES À POMMEROEUL
Fermé depuis 40 ans pour cause d’envasement, le canal Pommeroeul-Condé constitue un chantier primordial pour le développement de la navigation entre la France et la Belgique. Au cœur du projet fluvial européen, Seine-Escaut, ce chantier vise à faire passer des bateaux tant commerciaux que de plaisance, jusqu’à 3.000 T.
Lancés en 2020, les travaux de réhabilitation du canal se poursuivent. À l’horizon 2023, un nouveau quai à la jonction des canaux Nimy-Blaton et Pommeroeul-Condé verra le jour et permettra le stationnement de 2 bateaux de 2.000 T. De nouvelles infrastructures portuaires y seront également construites. Enfin, à l’arrière des quais se trouvera une zone d’activité économique, créée en partenariat avec l’intercommunale compétente.
- RÉNOVATION DÉLICATE DE L’ÉCLUSE 1F À MARCHIENNE-AU-PONT
Afin d’assurer la continuité de la navigation à grand gabarit des bateaux de 1.350T, l’écluse 1F à Marchienne-au-Pont a dû être rénovée. L’objectif était de remplacer et/ou rénover les trois portes de l’infrastructure. Chaque porte pesant pas moins de 110 tonnes, ce chantier délicat a nécessité l’expertise pointue des agents du SPW Mobilité et Infrastructures, ainsi que l’utilisation d’engins de chantier d’exception.
C’est ainsi que deux grues télescopiques de 700 et 250 tm ont dû être dépêchées sur place afin de permuter les différentes portes. Des ouvriers confirmés en chaudronnerie ont également été sollicités pour corriger des déformations constatées sur une des portes de l’écluse.
CHIFFRES CLÉS
- 2,5 ans de chantier
- 1,6 km de nouvelle voirie
- Un nouveau parc urbain de 67.700 m²
- 2,5 km de chemins cyclo-piétons de part et d’autre de la Lys
- 32 millions d’euros investis